Je vais vous présenter le concept d’évolution personnel d’un psychiatre Polonais, le Docteur Kazimierz Dabrowksi. Son concept de la désintégration positive, qu’il dénommait « l’auto-éducation » était révolutionnaire dans son approche de l’humain car il voyait les pathologies psychiques comme de simples étiquettes de convention psychiatrique et non pas comme une fin, une maladie mentale, mais bien comme le milieu d’un cheminement vers une transformation de l’être par l’intégration de ses expériences en passant par la désintégration des forces psychiques d’une personne.
Cette désintégration est alors un processus de développement entrant dans un phénomène global de l’être en devenir. Tandis que Pour Freud, les tensions psychiques sont dues à l’inadéquation entre les valeurs morales sociales et l’instinct de la personne qui doit donc trouver un moyen terme pour rendre la cohabitation des deux possibles. Il disait : « La morale conventionnelle coûte plus de sacrifices qu’elle n’en vaut » alors que pour Dabrowski la santé mentale ne se situe pas dans une médiation des valeurs morales mais dans le fait de se montrer à la hauteur des exigences et des défis posés par la conscience et la communauté de vie idéale qu’elle reflète, non à les ignorer en tentant de les minimiser. La tension psychique est alors une crise identitaire qui montre que la personne fait face à une culpabilité réelle, bien que cachée, voir même refoulée. La culpabilité est un bon signe de santé mentale, elle montre que la personne est capable d’un travail sur elle, d’une évolution personnelle. Les sociopathes ne ressentent pas de culpabilité et nous verrons un peu plus tard combien la prise de conscience est importante dans un processus d’évolution. Même si la tension psychique, la culpabilité peuvent être sources de grandes souffrances, c’est cette souffrance qui est le signe du changement en court ! Si nous dissimulons nos actes afin d’échapper aux conséquences, nous nous privons des apprentissages que nous pourrions en tirer, nous ne nous mentons qu’à nous même ! pour Dabrowski « Les stress et troubles psychologiques sont reconnus comme étant l’un des plus grands problèmes non résolus de l’humanité ».
Le travail de Dabrowski a tout à voir avec ses observations de la vie. Né en 1902 en Pologne, il va connaitre la seconde guerre mondiale, il va vivre des épreuves difficiles, dont la mort de sœur et le suicide de mon meilleur ami. La question qui le taraudait était de comprendre comment certains humains pouvaient se livrer aux pires bassesses tandis que d’autres étaient capables du meilleur. Voilà sans doute ce qui m’a poussé vers les travaux de cet homme. Je me suis toujours demandé ce qui pouvait pousser les humains à se conduire d’une façon ou d’une autre. Une nature profonde ? Un manque de conscience ou au contraire une présence accrue ? Et du coup quel était la part du libre arbitre dans les décisions que nous prenons ? Qu’est ce qui entre en jeu dans une décision de nuire, médire, jalouser, haïr, tuer, violer, voler ? Dabrowski mettait en avant l’émotion qui prédominait sur l’intelligence. L’émotion est en effet au centre de toute notre vie. L’engramage des souvenirs dans notre cerveau se fait par l’émotion, c’est aussi l’émotion ressentie qui va construire notre vision d’une expérience, nous en reparlerons car si vous ne pouvez agir sur l’évènement, nous verrons si, et dans quelles conditions, vous pouvez agir sur votre émotion afin de faire d’un moment une chose ou son inverse, une douleur ou un outil, un apprentissage… Le libre arbitre pourrait se préciser ici, en lien avec la conscience de soi et des autres…
Je me souviens d’une discussion organisée par mon professeur de yoga, il en était à parler de compassion et d’intuition. Une élève, d’une soixantaine d’année explique soudain qu’il lui arrive souvent de détester des personnes au premier regard, sans même les connaitre, et de conclure que, donc, le mieux pour elle serait de leur foncer dessus, c’est qu’ils le méritent forcément… Je me souviens avoir croisé le regard de mon professeur… Une simple discussion ne suffisait pas, dans l’instant, pour permettre à cette personne de prendre conscience de ce qu’elle disait et ressentait. Par expérience, je me suis aperçue que la plupart du temps les personnes n’avaient pas conscience de faire du mal aux autres. Un peu comme si blanche neige et sa belle-mère se réincarnaient et que dans leurs nouveaux rôles c’est la belle-mère qui continuait de haïr et jalouser sa belle-fille… Cette métaphore montre également que peu importe la vérité relative à votre carte du monde, c’est-à-dire à vos vérités spirituelles, c’est surtout la prise de conscience et la visite d’un autre point de vue qui permet de faire évoluer tout son être. Pour l’exemple, en hypnose spirituelle, le protocole permet de visiter une vie pendant laquelle le sujet à fait du mal, a accumulé du « karma » envers d’autres personnes. Et bien dans un premier temps le sujet n’a pas toujours conscience de ce qu’il a fait vivre aux autres et le protocole permet cette prise de conscience. Soudain, le regard porté, le ressenti change… Souvenez-vous, un évènement n’est que le regard que vous avez dessus, le regard émotionnel, ce que vous en ressentez ! C’est donc la prise de conscience qui permet l’empathie, et l’évolution.
En effet, prendre conscience de faire quelque chose de « mal », de nuire aux autres n’est pas si simple que cela, d’où l’importance du concept de Dabrowski. Contrairement aux compromissions proposées par Freud, Dabrowski démontre que le développement de la conscience permet l’évolution de son être. Le pilote automatique qu’est l’inconscient ne fait que suivre les instincts ! Il est bon de se rappeler que vous êtes au centre de votre vie, de votre propre scénario de vie, vous êtes le personnage principal du film qui est tourné et les autres sont les personnages secondaires. Cependant, pour les autres, chacun d’eux est le personnage principal de son film et vous en êtes un personnage secondaire ! Evitons l’égocentrisme inutile !
Je pourrais exprimer la désintégration de cette façon : Imaginez une pyramide. Chaque marche représente la façon dont vous nourrissez votre estime de vous, votre psyché. Sur la première marche vous trouvez les autres. C’est par les autres que vous tirez une satisfaction. C’est sur cette marche que restent les sociopathes et autres pervers manipulateurs. Pour eux les autres ne sont que des objets utilitaires à leur bien-être personnel. Ensuite, la deuxième marche représente la satisfaction tirée par la société, Tout ce qui vous nourrit, vous gratifie, viens du lien social, par le travail notamment. Nous trouvons là des personnes particulièrement conformistes dont la peur serait de sortir de la norme. Sur la marche suivante, nous pouvons trouver une satisfaction par les arts, puis au-dessus la spiritualité… etc… induisant d’autres comportements. Les valeurs correspondantes à chaque marche sont différentes et, le plus souvent, ce sont des évènements douloureux (licenciement, deuil, divorce, accidents, chocs émotionnels de toute sorte…) qui provoquent nos changements, nos remises en question et à l’achèvement de ce processus, nos valeurs changent. Nous ne sommes pas des oignons, empilant les couches de valeurs les unes sur les autres, nous désintégrons donc nos anciennes valeurs pour intégrer notre nouveau système et ainsi évoluer.
Cette vision différente permet de se remettre en question, de prendre conscience et d’acquérir des valeurs… Disons-le des valeurs morales en adéquation avec la vie en communauté car après tout, la vie est faite pour apprendre et les valeurs que nous mettons dans notre vie ont tout à voir avec la façon dont nous allons la vivre. Il ne sert de rien de parler de compassion, bonté ou de toute autre chose si le meurtre, le vol, le mensonge, le viol, le non-respect de l’existence de l’autre sous toutes ses formes est nié !
C’est de cela dont notre monde se meurt. Une civilisation est à son agonie lorsqu’elle ne vit plus en conscience mais en instinct. Dans une époque marqué par la violence et l’incertitude, martelé par le consumérisme, comment avoir confiance en l’avenir, dans les autres, et se faire confiance, à soi-même, comment développer sa conscience dans un monde de survivance psychique ?
Peut-être juste en revenant à la simplicité, en prenant les chose petit bout par petit bout et en vous recentrant, en vous remettant au centre de votre film, de votre bulle d’espace-temps. Ne vous laissez pas gagner par la panique générale, souvenez-vous que tout ce que vous croyez va devenir vrai. Choisissez ce que vous voulez croire de vous, de la vie… Pour changer le monde, changez-vous vous-même. Le vrai pouvoir est juste là, devant vous ! Prenez conscience… Prenez conscience de vous, de votre fonctionnement, des autres, des interactions émotionnelles, de vos blessures, transformez-les en apprentissages, faites votre chemin et regardez autour de vous se transformer votre monde, puis le monde…
Il arrive quelques fois que j’entende des personnes m’exprimer leur envie d’un monde où chaque individu serait forcé de se conduire selon la norme et la morale par un moyen supérieur. En fait, je suis persuadée que la morale par la force ne permet pas l’apprentissage et l’évolution, le développement de la conscience ne se fait que par l’expérience, le choix et le libre arbitre d’agir d’une façon ou d’une autre. Le mot même de morale est connoté d’idées disparates, voir de contrainte. Pour moi, avoir une morale est lié à l’idée de valeurs et d’évolution spirituelle, une façon d’agir compassionnelle vis-à-vis de moi puis des autres par choix conscient en vue d’améliorer nos conditions d’être. Je crois qu’il est important, pour cela, de reconnaitre sa responsabilité, son « pêché », dans le sens étymologique du terme, c’est-à-dire d’avoir manqué sa cible, car c’est ce que veut dire ce mot, reconnaitre son erreur d’aiguillage, de chemin, d’action. Cela permet un retour d’expérience, un feedback nécessaire à l’apprentissage, c’est cet apprentissage qui permet l’acquisition de valeurs morales, d’une intégrité personnelle essentielle à l’évolution et à la maturité psychique d’un individu et même d’un groupe à travers lui. Pour Dabrowski, ce processus d’auto-éducation par la désintégration positive est le plus haut processus psychologique et social existant dans notre monde car il remet l’humain au centre de sa vie, de sa responsabilité et je vais rajouter également de son libre arbitre !
Tout le concept de Dabrowski de désintégration positive est là. Ce qui va faire qu’une expérience soit une désintégration positive est le regard porté par le sujet sur son expérience et les outils qu’il va se mettre à utiliser afin de passer de la souffrance à l’acceptation puis à l’apprentissage. Souvenez-vous, quand je vous exprime ceci : regardez la situation comme un fait (acceptation de l’évènement), posez-vous la question qu’est-ce que j’en apprend (feedback, retour d’expérience), puis qu’est-ce que j’en fait (action et transformation, intégration).
Elle devient une désintégration négative lorsque le sujet reste dans la victimisation et l’impuissance. En restant victime il est impossible d’apprendre quoi que ce soit. Expérience ou épreuve, tout est question de mot ? Non, plutôt tout est question de positionnement sur l’évènement ! Il est indéniable que l’environnement dans lequel baigne le sujet aura un rôle prépondérant sur l’effet négatif ou positif de l’expérience, tout comme est important le système de croyance personnelles mis en place par la personne depuis sa plus tendre enfance. Quel accompagnement, quels outils, quelles forces vitales… Sont à disposition du sujet ?
Car c’est vous qui devez faire le voyage, personne ne peut le faire pour vous… Vous pouvez être accompagné, utilisez des outils proposés, mais vous devez les faire votre, les intégrer et les manier jusqu’à les forger à votre image. C’est ce que Dabroswki appel « l’auto-éducation », une auto-analyse qui vous rend autonome, une auto-guérison de votre être entier.